ERVDITIO ANTIQVA
Revue électronique de l'érudition gréco-latine


Volume 5 (2013)

Résumés


© Kunsthistorisches Museum, Vienna

 

Anna Zago - Pompeo grammatico e le vocali « barbare »

L’articolo prende in esame due specifici casi di barbarismo nel Commentum artis Donati del grammatico Pompeo (v sec. d.C.). Il primo coinvolge la quantità vocalica (brevis pro longa e viceversa), il secondo l’errata accentazione della sillaba: in entrambi i casi il vitium ha conseguenze sulla pronuncia delle vocali e fornisce elementi importanti per la storia del passaggio dal latino alle lingue romanze. Tutti i brani sono analizzati da un punto di vista filologico, dopo un attento riesame della tradizione manoscritta dell’opera: in alcuni casi, le novità dal punto di vista testuale hanno importanti conseguenze sull’interpretazione stessa dei fenomeni linguistici che Pompeo descrive.

Cet article se propose d’analyser deux cas de barbarisme dans le Commentum artis Donati du grammairien Pompée (v e siècle apr. J.-C.). Le premier est relatif à la quantité des voyelles (breuis pro longa et vice versa), le deuxième aux erreurs dans l’accentation des syllables : dans les deux cas, ce uitium a des conséquences sur la prononciation des voyelles et nous donne des éléments très importants pour l’histoire de la langue latine dans son évolution vers les langues romanes. L’analyse philologique de ces passages se fonde sur notre examen à nouveaux frais de la tradition manuscrite du texte. Dans certains cas, les améliorations textuelles ont d’importantes conséquences sur l’interprétation des phénomènes linguistiques décrits par Pompée.

Lucie Pultrová - On the phonetic nature of the Latin R

The article aims to answer the question of what evidence we have for the assertion repeated in modern textbooks concerned with Latin phonetics, namely that the Latin r was the so called alveolar trill or vibrant [r], such as e.g. the Italian r. The testimony of Latin authors is ambiguous: there is the evidence in support of this explanation, but also that testifying rather to the contrary. The sound changes related to the sound r in Latin afford evidence of the Latin r having indeed been alveolar, but more likely alveolar tap/flap than trill.

L’article cherche à réunir les preuves que nous possédons pour la détermination du r latin en tant qu’une vibrante alvéolaire, ainsi que le r italien par exemple, une affirmation répétée dans des outils modernes traitant la phonétique latine. Les témoignages des auteurs antiques ne sont pas univoques : il y a des preuves qui soutiennent cette théorie, néanmoins d’autres tendent à la réfuter. Des changements phonétiques liés au phonème r démontrent que le r latin fut réellement alvéolaire, mais qu’il s’agissait plutôt d’une consonne battue que d’une vibrante.


Alexius Belov - SYLLABA ACVITVR. perpaucae obseruationes de accentus latini terminis apud ueteres grammaticos usurpatis

Hoc in commentario antiquissima de accentus Latini natura quaestio disputatur: si, ut ex typologorum legibus sequitur, accentus Latinus, qui syllabam, non moram culmen haberet, non potuit sensu proprio ‘tonalis’ esse (quodque non solum ad infimam Latinitatis aetatem pertinebat, sed etiam Ciceronis tempore fuisse uidetur), cur ueteres grammatici – et ii paene omnes – de acuti et flexi accentus discrimine uariisque tonalibus motibus professi sint? Ego quidem non tantum errasse grammaticos puto, quantum nos nonnullos eorum terminos non recte interpretari. Nam in pluribus locis eos non de rebus phoneticis, sed de notis graphicis dicere; in illis tamen, quae ad accentus enuntiationem uere pertineant, partim modulationes ex phrasi ortas suspicandas esse, partim id, quod apud phonologos cribrum prosodiacum nuncupetur.

At the present time we have strong typological and theoretical arguments against the pitch accent in Latin, despite some ‘obvious’ testimonia of the Roman grammarians, esp. concerning the difference between acute and circumflex variations. Does it mean that Roman terminology was simply (and ‘slavishly’) borrowed from Greek, or that the problem is a little bit more complicated? Here I would like to show that in many cases grammarians told us about the system of diacritics, used in the written language, but not the real tones; from the other hand, some clear phonetic descriptions could be explained by means of so called ‘phonological sieve’, discovered by N. Trubezkoy. Also I show some influences of the Stoic philosophy on the prosodic theories of Greeks and Romans.

 

Jacques Elfassi - Nam beneuolentia absurdum sonat (Isidore de Séville, Etym. X, 26) : une question de prononciation ?

Dans Etym. X, 26, Isidore de Séville semble justifier la forme beniuolentia par la prononciation : nam beneuolentia absurdum sonat. R. Maltby pensait que cette remarque était une addition d’Isidore à sa source supposée, ce qui la rendait très significative. En réalité, ce n’est pas un ajout isidorien, mais un emprunt à Placidus. D’autre part, absurdum sonare ne fait pas nécessairement référence à la prononciation : chez Augustin (et probablement chez Isidore), cette expression signifie « paraître absurde ». Isidore ne parle pas de la prononciation, mais plus vraisemblablement de l’orthographe.

In Etym. X, 26, Isidore of Seville seems to justify the spelling beniuolentia by the pronunciation: nam beneuolentia absurdum sonat. R. Maltby thought that this remark was Isidore’s addition to his supposed source, which made it very significant. In reality, it is not an isidorian addition, but a loan from Placidus. Moreover, absurdum sonare does not necessarily refer to the pronunciation: by Augustine (and probably by Isidore), this expression means « to seem absurd ». Isidore does not speak about the pronunciation, but more likely about the orthography.

 

Daniel Vallat - Sic pronuntiandum : lecture et prononciation des poèmes de Virgile d’après les commentaires antiques

Diverses formes de lecture des poèmes virgiliens sont attestées dans les commentaires tardo-antiques sur l’œuvre du poète : outre des témoignages sur des performances plus ou moins réussies (le modèle restant la lecture d’auteur), nous y trouvons des notes prescriptives, d’origine scolaire, sur la manière de lire et prononcer Virgile, depuis le conditionnement syntaxique de la distinctio jusqu’aux effets de voix à visée rhétorique.

Various forms of reading of Vergil’s poems are attested in some late Antiquity commentaries of the poet: besides testimonies on more or less successful performances (the model remains author’s readings), we find school specifications, which give the way of reading and pronouncing Vergil, from the syntactic patterns of the distinctio to the rhetoric coaching of voice performance.

 

Marie-Karine Lhommé - Problèmes de silence : Silere, s, st et la notation du silence

Dans le cadre de la differentia entre deux verbes signifiant ‘se taire’, silere et tacere,le pseudo-Charisius donne une étymologie du verbe silere tirée de la signification même de la lettre S, qui est, d’après Festus, notation du silence. Cette lettre est considérée par des grammairiens latins comme malsonnante, plus un sifflement qu’une lettre, capable de disparaître du mètre au besoin. Combinée à T elle devient l’interjection onomatopéïque ST, souvent liée à tace, qui intime le silence en vers comme en prose, et dont la nature même de mot syllabique pose question. Ce mot particulier et inarticulé qui viole les règles de la grammaire est-il une simple nota ?

Within the differentia between two verbs meaning ‘to keep silent’, silere and tacere, the pseudo-Charisius derives the verb silere from the very meaning of the letter S, which is, according to Festus, notation of the silence. This letter is considered by Latin grammarians as dissonant, more a whistling than a letter, able to disappear from the meter if needed. Combined with T, it becomes the onomatopeic interjection ST, often used with tace, which tries to silence in verse as well as in prose. Its very nature as a syllabic word is a matter for discussion. This particular and inarticulate word, violating the rules of grammar, is maybe only a nota?

 

Emmanuel Plantade - Zarath ou les arcanes du sophiste (Apul., Apol. 24, 10)

Accusé de magie, Apulée se défend en mentionnant le nom africain du village où vit l’un de ses accusateurs, Sicinius Æmilianus. L’article commence par une synthèse de ce qu’on peut savoir du mot (graphie, étymologie, statut grammatical) et du lieu qu’il désigne. Il montre, ensuite, comment l’énonciation du toponyme participe à une contre-attaque qui vise à annuler l’accusation de barbarie que subit l’accusé. L’emploi du mot est généralement analysé comme un trait d’ironie, mais il recouvre, en plus, un jeu complexe sur la prononciation de l’accusateur dont l’accent punique est présenté, par dérision, comme une prétention à la maîtrise du grec attique. Ce jeu implique de faire référence à des auteurs remis à la mode au iième siècle (Plaute, Catulle). Enfin, ce jeu subtil sur la prononciation de Sicinius Æmilianus est mis en perspective dans une réflexion sur l’identité culturelle du sophiste, lequel rejette clairement le punique, fétichise le latin et dissimule soigneusement sa langue maternelle vernaculaire, le libyque.

Facing charges of witchery, Apuleius defends himself by mentioning the name of the African village where one of his accusers, Sicinius Aemilianus, lives. The article begins with a summary of what should be known about the word (spelling, etymology, grammatical status) as well as the place it refers to. It goes on to show how the utterance of the name is, in fact, used as a counterattack that aims to invalidate the charge of barbarism that faces the accused. The word, which is generally analyzed as a stroke of irony, covers though a complex game on the pronunciation of the accuser whose Punic accent is presented derisively, rather, as a claim to the mastery of Attic Greek. This subtle game involves making reference to authors brought back into fashion in the second century (Plautus, Catullus). In the end, the paper attempts to put into perspective this game on the pronunciation of Sicinius Aemilianus in a reflection on the cultural identity of the sophist, who clearly rejects the Punic, fetishizes Latin and carefully conceals his vernacular native language, the Libyan.

Florence Garambois-Vasquez - Spirantia signa ou les enjeux de la représentation : à propos d’une épigramme d’Ausone (ep. 12)

Dans un corpus à la dimension aussi fortement réflexive que celui d’Ausone, cet article se propose d’étudier l’une des épigrammes consacrées à la statuaire et à la sculpture : celle en l’honneur d’Occasion. Au travers de la description d’une oeuvre d'art qu’il n’avait pas sous les yeux et qu’il n’a sans doute jamais vue, le poète interroge les rapports entre art et nature en proposant une fausse imitation de ses modèles, afin de mettre en lumière les enjeux et limites de la représentation.

Considering Ausonius poetry’s mostly metapoetic tendency, in this paper, we intend to appraise the poet’s discourse on art through a curious epigram on Occasio. Although he obviously could not have seen the marble statue, Ausonius, under the pretence of description, works up a discourse on art.

Reina Marisol Troca Pereira - Ausónio: na confluência de dois credos. Um delicado exercício de exegese literária

O presente artigo apresenta sumariamente a obra de Ausonio, Cupido Cruciatus. Redigida num latim tardio, reúne pontos de confluência pagã e judaico-cristã, que um cuidado exercício de exegese expõe como possíveis aspectos a ter em conta para uma compreensão mais alargada. O topos, ainda que recorrente, mostra-se deveras didáctico, o que faz do restrito número de versos em apreço uma composição bastante rica de um hábil retor.

This paper includes a concussive presentation of Ausonius’ work, Cupido Cruciatus. Written in late Latin, it gathers several issues common both to Ancient Paganism and Christianism. Only a careful exegesis may expose those elements as an important factor for a wider comprehension. The topos, although recurrent, is highly didactic, which makes the restricted number of verses a very rich composition of a skilled writer.