ERVDITIO ANTIQVA
Revue électronique de l'érudition gréco-latine


Volume 2 (2010)
Résumés des articles

 

  • Emmanuel Plantade : Apud nos uero breuissima ratio (IO 1, 5, 29). Hypothèses sur la grammatisation de l’accent latin et sur la formation de la loi de la pénultième longue accentuée

L’article tente de reconstituer une histoire de la règle principale en accentuation latine. Il envisage successivement le rôle qu’ont pu jouer de grands noms du ier siècle a. C., comme Cicéron ou Varron. Mais plutôt que de vouloir à tout prix attribuer la règle de la pénultième à une figure emblématique de la pensée romaine, il semble plus judicieux de réfléchir aux conditions nécessaires à la grammatisation (Auroux 1993) de l’accentuation pour mieux dater cette dernière. Or, il s’avère que la formulation de la règle de la pénultième s’est manifestement adossée à une réflexion comparative, fleurissant au ier siècle a. C., laquelle a permis de penser les spécificités du latin à partir de la dialectologie grecque. Ce constat permet de reculer d’un siècle la grammatisation de l’accentuation latine et de réévaluer, du même coup, le rôle personnel de Quintilien, bien qu’il ne soit pas un grammairien professionnel.

This paper provides a sketchy archeology of the so-called ‘penultimate rule’, a well-known key feature in latin prosody. It shows how deeply two major Roman thinkers, as Cicero and Varro, are involved in. The prosodical rule seems too technical for Cicero to pay much of attention to it. Although (no one can deny this fact) Varro wrote about prosody, he is unlikely to have ‘grammatized’ (Auroux 1993) the ‘penultimate rule’. As a matter of fact, the evidence provided by Athenaeus of Naucratis (3rd century AD) focuses on the increasing amount of comparative studies throughout the 1st century BC, which made grammarians, historians and philosophers (of either greek or latin language) think latin prosody on the basis of the Aeolian dialect. Hence, the hypothesis that the ‘penultimate rule’ was first grammatized during the 1st century AD, maybe by Remmius Palæmon, or, more likely, by Quintilian himself, despite of his alleged grammatical dilettantism.

  • Eugenio Amato : Procopio di Gaza e il dies rosarum : eros platonico, agape cristiana e spettacoli pantomimici nella Gaza tardo antica

Alla luce di un attento studio dei motivi e del linguaggio degli scritti ‘profani’ di Procopio di Gaza, è possibile inquadrare il dies rosarum, che aveva luogo nel tardoantico a Gaza, all’interno della panegyris per i martiri, annualmente organizzata nella città palestinese. Tale festival, come si evince non solo dall’opera di Procopio, ma anche da alcuni componimenti in versi di Giovanni di Gaza e Giorgio Grammatico, prevedeva, accanto alle celebrazioni e dei riti di tipo religioso, una « maiuma » aperto anche al pubblico profano, in cui non mancavano agoni scolastico-letterari, così come pantomime. Gli stessi scritti di Procopio (in particolare le dialexeis) sembrano essere influenzati nel linguaggio e nei motivi da una realtà pantomimica. L’allusione, inoltre, da parte di Procopio al tema dell’eros platonico va interpretata come prefigurazione dell’agape cristiana.

Sur la base d’une analyse attentive des motifs et du langage dans les écrits « profanes » de Procope de Gaza, il est possible de situer le dies rosarum, qui avait lieu à l’époque tardive à Gaza, dans la panegyris pour les martyrs, organisée chaque année dans la ville palestinienne. Ce festival, comme l’on peut déduire non seulement de l’œuvre de Procope, mai aussi de quelques vers de Jean de Gaza et de George le Grammairien, prévoyait, à côté des célébrations et des rites religieux, un « maïouma » qui était ouvert au public profane, y compris des compétitions épidictiques de type scolaire-littéraire et des pantomimes, dont les écrits de Procope (notamment ses dialexeis) semblent s’inspirer. L’allusion, en outre, de la part de Procope au thème de l’éros platonicien doit être interprétée en tant que préfiguration de l’agape chrétienne.

  • Florence Garambois-Vasquez, De la source à l'objet : le planétaire d'Archimède

La figure d’Archimède apparaît comme incontournable dans l’histoire des sciences de l’Antiquité, à la fois pour la diversité et la variété des recherches du savant et pour ses tentatives de proposer un système d’explication du cosmos. Pour cela, Archimède conçut un support, le planétaire, resté célèbre. Or, si ce planétaire, comme tant d’autres, a effectivement existé, il n’en reste aucune trace autre que littéraire, ni même de mention dans un ouvrage conservé du savant. Aussi a-t-il paru intéressant de montrer comment l’image d’un objet concret pouvait être, au fil du temps, reconstruite au gré des impératifs idéologiques et politiques au point d’en effacer l’attestation première.

The figure of Archimedes is essential in the history of antique sciences because of the variety and the diversity of his scientific preoccupations and because he tried to explain the universe, helped by the construction of cosmic sphere. However, even if this planetarium really existed, the only testimonies of its existence can be found in literary works, while none of the scientist's remaining works mentions it. It has seemed interesting to show how the representation of the planetarium was reconstructed over time by political and ideological necessities, so that the prior source would be erased.

  • Daniel Vallat, Un Virgile pour débutants : les gloses du Parisinus Latinus 11308 (Énéide 1)

La seconde partie du manuscrit Parisinus Latinus 11308 (ixe s.) contient des gloses inédites, latines et grecques, qui suivent à la lettre les Chants 1-5 de l’Énéide de Virgile. Ce faisant, elles nous permettent d’accéder au niveau de la pédagogie latine tardive qui précède celui de l’exégèse proprement dite, comme le commentaire de Servius. Nous présentons ici les gloses du Chant 1 et leurs différentes implications culturelles et didactiques, avant d’en proposer l’édition.

The second part of the manuscript Parisinus Latinus 11308 (ixth century) contains new Latin and Greek glosses, which follow literally Virgil’s Eneid 1-5. So, they allow us to reach at the level of the late Latin pedagogy, which precedes that of the exegesis itself, as the comment of Servius. We present here the glosses of Eneid 1 and their various cultural and didactic implications, before proposing the edition.

  • Michèle Biraud, Les Lithika de Posidippe de Pella : une pratique sophistiquée des échos de mélodies accentuelles

Les Lithika sont un ensemble d'épigrammes de Posidippe de Pella, qui ont été révélées il y a une dizaine d'années par le papyrus de Milan et qui sont consacrées à la description de pierres précieuses admirables par leur éclat ou par le travail du sculpteur. Je montre ici que cette poésie alexandrine savante utilise non seulement les ressources rythmiques habituelles de la métrique du distique élégiaque, mais accorde aussi une grande importance à la courbe de la mélodie créée par l'alternance des mores hautes des syllabes accentuées et des mores basses (la langue parlée par les élites au début de l'époque alexandrine dispose encore d'un accent de hauteur mélodique). Elle emploie deux principes d’harmonie : soit des écarts réguliers, qui couvrent la plus grande partie d’un vers ou prédominent dans une partie de l'épigramme, soit la récurrence d'une courbe à écarts irréguliers, qui se produit le plus souvent aux points stratégiques du distique ou de l'épigramme (césures, début ou fin de poème, de phrase, de distique, de vers ou d’hémistiche).

Lithika is a set of Posidippus' epigrams, which were revealed around ten years ago by the papyrus of Milan and which are dedicated to the description of precious stones admirable by their brightness or by the work of the sculptor. I show here that this learned alexandrine poetry uses not only the usual rhythmic resources of the metrics of the elegiac distich, but also grants a big importance for the curve of the melody created by the alternation of the upper mores of the stressed syllables and the lower mores (the language spoken by elites at the beginning of alexandrine period has still a melodic pitch). It uses both principles of harmony : or regular distances, which cover the wider part of a verse or prevail in a part of the epigram, or the recurrence of a curve with irregular distances, which occurs mostly in the strategic points of the distich or the epigram (caesuras, the beginning or the end of poem, sentence, distich, verse or hemistich).

  • Isabelle Boehm, Le poids des mots, l’aura des noms. Les choix de Galien dans le traité des Facultés naturelles

L'œuvre de Galien est la plus importante production littéraire du monde grec. C'est celle d'un médecin aux connaissances extrêmement étendues, dans tous les domaines du savoir de son époque, de la médecine à la philosophie en passant par la rhétorique et la logique. Il ne cesse donc d'utiliser toutes les sources de connaissance et de les mettre au service de ses propres recherches. Il n'hésite d'ailleurs jamais à les citer, au risque quelquefois de se laisser emporter dans les digressions. De plus, les citations sont régulièrement insérées dans des saynètes pleines de vivacité… qui emportent l'adhésion du lecteur. Cependant, loin d'être purement ornementales, les citations ne sont jamais inutiles et le traité des Facultés naturelles en donne de bons exemples. Au contraire, elles sont choisies comme matériau de base pour mieux affirmer ou infirmer des théories de confrères ou de maîtres que Galien veut toujours améliorer ou définitivement démanteler : c'est ainsi qu'il sert la science.

Galen hat sehr viel geschrieben: er ist der grösste Arzt der griechischen Literatur. Er war sehr gelehrt, er hat auf alles gearbeitet, Medizin, Philosophie, Rhetorik, usw. Er verwendet alle Quellen für seine Forschungen. Er zitiert immer Theorie, Namen und Sätze, sodass gibt es excursus! Alle Zitate sind oft inmitten angenehmer Szenen… für die Überzeugung seines Lesers. Trotzdem sind die Zitate immer nützlich und in der Abhandlung De facultatibus naturalibus gibt es viele guten Beispiele: die Zitate sind ein ausgesuchtes Material um eine Theorie kräftiger zu machen oder zerstören. Darum bedient er immer die Wissenschaft.

  • Jacques Elfassi, Chronique isidorienne

Liste des livres ou articles consacrés à Isidore de Séville et publiés en 2008 et 2009, avec un bref commentaire.

List of the books or articles devoted to Isidore of Seville and published in 2008 and 2009, with a brief commentary.

  • Jacqueline Assaël – Elian Cuvillier, À propos de la traduction de l’Épître de Jacques chapitre 1, verset 1

La mention inaugurale de l’épître de Jacques (Ἰάκωβος θεοῦ καὶ κυρίου Ἰησοῦ Χριστοῦ δοῦλος) est ambiguë. En effet, cette phrase grecque offre le choix entre deux traductions : soit « Jacques, esclave de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ », soit « Jacques, esclave de Jésus-Christ, Dieu et Seigneur ». La première interprétation est généralement adoptée de manière exclusive. Mais les auteurs de l’article montrent que la polysémie de ce verset renforce une christologie plus affirmée qu’il n’est traditionnellement admis à propos de cet écrit néotestamentaire et ils développent des arguments incitant à tenir compte de cet effet de sens.

The incipit of the Epistle of James, Ἰάκωβος θεοῦ καὶ κυρίου Ἰησοῦ Χριστοῦ δοῦλος, is ambiguous. This sentence may be translated from the Greek in two different ways: either by “James, slave of God and the Lord Jesus-Christ,” or by “James, slave of Jesus-Christ, God and Lord”. Generally, the first interpretation is adopted exclusively. The authors will show that the polysemy of this verse actually reinforces a Christology more asserted in this text of the New Testament than is currently acknowledged, and they will develop arguments inciting readers to take into account this stylistic production of sense.